Bruxelles, étude de l'ancien couvent des Chartreux

Localisation : Rue des fabriques, n°12-14 - 1000 Bruxelles
Dates de l'intervention : octobre - décembre 2012
Type de chantier : Urbain
Type d'intervention : Étude du bâti
Type de vestiges : Vestiges de l'ancien couvent des Chartreux
Datation : 17e-20e s.
Archéologue(s) responsable(s) : De Staercke Olivia
Aménageur :
Commanditaire de l'opération : MRBC-DMS

D’octobre à décembre 2012, une intervention archéologique a été menée au centre de l’ilot formé par la rue T’Kint, la rue Anneessens, la rue des Fabriques et la place du Jardin-aux-Fleurs à Bruxelles. L’octroi de ce chantier à l’asbl « Recherches et Prospections Archéologiques en Wallonie (RPAW) » s’est déroulé dans le cadre d’un marché public lancé par le MRBC/DMS en février 2012.
Cette recherche archéologique fait suite à l’intervention de Philippe Sosnowska, qui en 2008 travaillait  pour les Musées royaux d’Art et d’Histoire. A cette époque, seule une partie du rez-de-chaussée avait pu être étudiée et avait donné un bon aperçu du potentiel archéologique du site. Tous les murs étant à présent accessibles, une seconde investigation s’est révélée nécessaire pour compléter la documentation de Philippe Sosnowska.

En 1576, les moines, constamment menacés par les guerres entre Espagnols et Hollandais, quittent leur couvent de Scheut à Anderlecht pour s’installer à l’intérieur des murs de la ville. Les premiers bâtiments de ce nouveau couvent sont élevés de la fin du XVIe siècle à la première moitié du XVIIe siècle. En 1653, le couvent reçoit l’autorisation de voûter la Senne. Ce doit être après 1653 que le bâtiment qui nous intéresse a dû être construit puisqu’il se situe au-dessus de la Senne. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, le couvent va être progressivement abandonné et finalement démantelé. En 1804, la rue des Fabriques est percée et la propriété des Chartreux est divisée en une quarantaine de parcelles. Aujourd’hui, le bâtiment est intégré, en intérieur d’îlot, à un ensemble de divers hangars, dépôts, anciens parkings et ancien supermarché.

La façade Nord est la mieux conservée et a pu être relevée sur les deux étages qui la composent.  Elle mesure 17,50 m de long et sa hauteur sous corniche est de 8,20 m. Le mur a une épaisseur de 27 cm. Composé de briques de gros calibre (26 x 12,5 x 5 cm), il est lié par un mortier beige. Des bandeaux horizontaux de pierre blanche calcaire marquent les appuis de fenêtres, les croisées des fenêtres et les linteaux.
La base du bâtiment présente une plinthe en blocs taillés, également de pierre blanche, qui s’élève jusqu‘aux appuis des fenêtres du rez-de-chaussée. La plinthe, qui n’est que très partiellement conservée (43 %),  présente une moulure en cavet sur sa partie supérieure. Une porte et cinq fenêtres sont visibles à cet étage. Elles possèdent toutes des piédroits en harpe, plus ou moins bien conservés (51% des pierres des piédroits de la façade sont encore en place). Sur les cinq fenêtres, deux sont encore en partie ouvertes tandis que les autres sont entièrement bouchées. Elles font en moyenne 1,30 m de large sur 3 m de haut.
Au premier étage, on retrouve six fenêtres alignées sur celles du rez-de-chaussée et comparables au niveau stylistique. Elles ont la même largeur mais sont moins hautes, seulement 1,80 m. A l’extrémité est du mur, six trous de boulins en pierre blanche de taille sont conservés. Le plancher du premier étage est entièrement conservé et avait été étudié en 2008. Du plancher du grenier, ne subsiste qu’une seule poutre, soutenue par deux corbeaux en pierre blanche taillée, alors qu’il ne reste rien de la charpente si ce n’est un négatif du pignon, qui nous permet d’établir la hauteur totale du bâtiment, 13,40 m, ainsi que sa largeur, environ 7 m.
Les fenêtres présentent toutes le même comblement de briques de petit calibre (16 à 18 x 8,5 x 4,5 cm), liées par un mortier gris clair. Ces bouchages semblent à première vue contemporains. Ils sont en tout cas postérieurs à l’abandon du bâtiment qui a eu lieu dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.

Aucun indice n’a permis d’en savoir plus sur la fonction du bâtiment. On continue donc à penser que sa localisation, au-dessus de la Senne, serait liée à une cuisine, une infirmerie ou une brasserie.

 

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