Située entre la première et la seconde enceinte de Bruxelles (resp. XIIIe et 2e 1/2 du XIVes), la parcelle fouillée est encadrée à l’est par l’ancien bassin des Barques, bassin du port de Bruxelles creusé dès les années 1560-1561 et relié au canal de Willebroek par la porte du Rivage, et à l’ouest par le dépôt d’immondices de la ville, le Mestbak (1620-1845). Ce dernier possédait un bassin de chargement, créé à partir de 1640, qui était relié par un petit canal au bassin des Barques. L’actuelle rue de Barchon, alors appelée rue du bassin au Fumier, reliait le quai de ce bassin des Barques –nommé à cet endroit quai aux Bois de Construction– et le Mestbak.

Le quartier où se situe le site est d'abord occupé par un plan d’eau comme le montre le plan de Belleforest (1575), avant de voir l'urbanisation du quai aux Bois de Construction, visible sur le plan de M. de Tailly (1640). Par la suite, la parcelle reste occupée jusque dans la seconde moitié du XXe siècle, comme l'attestent les Archives de la Ville de Bruxelles et celles de l’Institut Royal du Patrimoine Artistique. Les investigations archéologiques ont permis de repérer sept phases d'occupation entre 1560 et 1990, date d'abandon du site.

La première phase correspond à un développement du quartier avec le creusement du bassin des Barques en 1560-1561 et présente probablement l’extrémité sud du bassin illustré sur le plan de Belleforest. Il peut également s’agir d’un espace non occupé à cette époque, comme le montre également ce plan.
La seconde phase (début du XVIIe s.) voit le remplissage du bassin et la construction d’un bâti sur le quai aux Bois de Construction et l’installation d’un nouveau sol. Cette phase correspond à l’urbanisation de l’ensemble du quai dès la fin du XVIe s.
La phase suivante commence à la fin du XVIIe s. voire au début du XVIIIe s. Elle est liée à la construction de bâtis dans la rue de Barchon, débouchant perpendiculairement sur le quai, accompagnés d’un rehaussement du niveau et d’un nouveau sol.
Ces deux phases d’urbanisation témoignent d’une croissance de l’activité économique du quartier. L’étude du bâti, du quartier et des sources historiques vont également dans ce sens.

La quatrième phase débute à la fin du XVIIIe s. Il s’agit d’un ensemble de réaménagements architecturaux de ces bâtis et d’un rehaussement du sol. Le tout peut être lié à l’aménagement d’une voie charretière dans le bâti du n° 3 quai aux Bois de Construction ; voie mettant en lien le quai et l’espace ouvert entre ce bâti et ceux de la rue de Barchon. Il s’agit, pour cette phase, d’un second développement. Cette recherche n’a su nous révéler si cela était conséquent à une activité économique toujours présente, mais elle nous informe, quoi qu’il en soit, d’un probable enrichissement des habitants et propriétaires du quartier comme le montre également l’étude du bâti du quai.

La cinquième phase, en début de XXe s. et probablement postérieure à 1912, est marquée par l’installation de canalisations sur tout l’espace du site, le tout accompagné d’un nouveau sol.
La sixième phase, postérieure à 1944 et principalement en 1955, amena la destruction d’anciens bâtis en rue de Barchon ainsi que des reconstructions et réaménagements modernes.
Ces cinquième et sixième phases révèlent la modernisation du quartier. C’est également au cours de ces phases que ce quartier va probablement changer progressivement de fonction. Les bassins ont en effet été comblés en 1910-1911 face aux nouvelles installations portuaires du canal de Willebroek.

La septième phase est liée à l’abandon du site dans les années 1990. Nous remarquerons également que la rue de Barchon a, depuis, entièrement perdu son caractère commercial.

Un grand intérêt réside particulièrement dans les recherches historiques et fouilles à venir de ce quartier. Etant le quartier du port de Bruxelles, celui-ci joue en effet probablement un rôle important dans le développement de cette ville. De plus, ce quartier étant lié à l’espace situé entre les deux premières enceintes de Bruxelles, il porte par là aussi une place primordiale dans l’urbanisation et donc l’histoire de la capitale. Enfin la zone dont fait partie le site fouillé, située entre les quais et la rue d’Ophem, porte un intérêt particulier par sa situation à la rencontre du bassin des Barques et du Mestback.