En prévision de la construction de cinq immeubles, le site de la Plaine des Manœuvres à Tournai, a fait l'objet de fouilles préventives menées par le Service de l’Archéologie (SPW, DGO4, Direction du Hainaut 1) et l'asbl RPAW. Principalement motivées par la présence probable des vestiges de la corne Saint-Martin, un élément des fortifications de Tournai érigées sous Louis XIV, ces fouilles ont révélé, en outre, d'autres vestiges inattendus.

Les vestiges d’une ancienne chaussée ont été mis au jour à quelques mètres de l'actuelle chaussée de Douai. Ils appartiennent vraisemblablement à la voie d'accès de la porte Saint-Martin qui fut l'une des entrées principales de la ville durant tout le Moyen-Âge. Les différentes coupes transversales ont permis d'identifier cinq phases d'aménagement de circulation (empierrements, dallages, voies pavées) qui s'échelonnent vraisemblablement du 13e au 16e siècle. Sous ces aménagements, une série de creusements a été identifiée et résulte vraisemblablement d'une activité d'extraction de terre à brique. La découverte, à proximité de deux fours à briques, de type "en meule", relativement bien conservés, étaye cette hypothèse.

Deux ensembles de murs, portions de murs et vestiges de niveaux de sols ont été repérés lors du terrassement. Ces vestiges d'habitations ou d'ateliers correspondent à l'occupation du faubourg Saint-Martin entre le 16e et le 17e siècle. L'état très fragmentaire de ces vestiges s'explique par les destructions successives de ce faubourg en raison des nombreux sièges qu'a subi la ville.

Enfin, plusieurs tronçons de murailles appartenant à la corne Saint-Martin ont été dégagés. La superposition des relevés de fouille et des plans anciens a permis d'identifier :

• la demi-lune,
• la courtine, séparée de la demi-lune par un fossé large de 53 m,
• le mur de contrescarpe qui soutient la paroi extérieure du fossé, large de 23 m, entourant la demi-lune
• le bastion à orillon situé à l'angle sud de la corne.

Ce chantier a permis de visualiser une partie de la corne Saint-Martin et d’appréhender ce qui est encore enfoui. Les recherches menées précisent son tracé, envisagent les techniques de construction et livrent des données métriques. En outre, alors que les fouilles visaient essentiellement l’étude des vestiges de la corne Saint-Martin, des éléments inédits, en rapport avec le quartier détruit lors de la construction des fortifications françaises, sont apparus lors de la réalisation des sondages. Les différents éléments mis au jour et leur étude vont ainsi permettre d'améliorer notre connaissance de l'histoire civile et militaire de Tournai.